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Parmi les tombeaux froids et blêmes,
L'oeil alangui d'adieux suprêmes,
S'exhale et tourbillonne en l'air,
Douloureuse et vague fumée
Du sépulcre humide exhumée,
Le spectre imploré qui m'est cher.Sous le bleuâtre clair de lune,
Laissant couler dans la nuit brune
Ses larges pleurs en rayon clair,
La morte, funèbre endormie,
M'a dit de lèvre blêmie
Où perlait aux deux coins un ver :" Une légende ardente et sombre
Veut que des sépulcres pleins d'ombre,
Où gisent les défunts amours,
Des fleurs sanglantes et vermeilles
Jaillissent à minuit pareilles
Au rouge espoir des anciens jours..."
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Ma belle amie est morte,
Et voilà qu'on l'a porte
En terre, ce matin,
En soulier de satin.Elle dort toute blanche,
En robe du dimanche,
Dans son cercueil ouvert
Malgré le vent d'hiver.Creuse, fossoyeur, creuse
A ma belle amoureuse
Un tombeau bien profond,
Avec ma place au fond.Avant que la nuit tombe
Ne ferme pas la tombe;
Car elle m'avait dit
De venir cette nuit,De venir dans sa chambre :
" Par ces nuits de décembre,
Seule, en mon lit étroit,
Sans toi, j'ai toujours froid."Mais, par une aube grise,
Son frère l'a surprise
Nue et sur mes genoux.
Il m'a dit : "battons nous.Que je te tue. Ensuite
Je tuerai la petite."
C'est moi qui, m'en gardant,
L'ai tué cependant.Sa peine fut si forte
Qu'hier elle en est morte.
Mais, comme elle m'a dit,
Elle m'attend au lit.Au lit que tu sais faire,
Fossoyeur, dans la terre.
et dans ce lit étroit,
Seule, elle aurait trop froid.J'irai coucher près d'elle,
Comme un amant fidèle,
Pendant toute la nuit
Qui jamais ne finit.
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J'ai beau me fuir, je ne m'évite pas, et je
porte avec moi le regret
D'un amour trompé, et le terrible ennui d'être en
dessous de moi-même.
Je suis comme un mort qui se souviendrait de la vie...
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Pour guide nous
avons une vierge au teint pâle
Qui jamais ne
reçut le baiser d'or du hâle
Des lèvres du soleil.
La joue est sans couleur et sa bouche bleuâtre,
Le bouton de sa gorge est blanc comme l'albâtre,
Au lieu d'être vermeil.
Un souffle fait plier sa taille délicate;
Ses bras plus transparents que la jaspe ou l'agate
Pendent languissament;
Sa main laisse échapper une fleur qui se fane
Et, ployée à son dos, son aile diaphane
Reste sans mouvement.
Plus sombresque la nuit, plus fixes que la pierre,
Sous leur sourcil d'ébène et leur longue paupière
Luisent ses deux grands yeux;
Comme l'eau du Léthé qui va muette et noire,
Ses cheveux débordés baignent sa chair d'ivoire
A flots silencieux.
Des feuilles de ciguë avec des violettes
Se mêlent sur son front aux blanches bandelettes
Chaste et simple ornement;
Quant au reste,
elle est nue, et l'on rit et l'on tremble
En la voyant venir; car elle a tout ensemble
L'air sinistre et charmant.
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Qui ne s'est attardé dans un vert cimetière
En laissant sont esprit, taupe démoniaque,
Fouiller le sol argileux et le dur gravier,
Pour voir le crâne, les os, la robe funéraire,
Et, par pitié, loger encore une âme humaine
Dans ces formes rongées par la mort affamée?
Ah! Ce serait une fête auprès de l'émoi
D'Isabella à genoux devant son Lorenzo.
Bientôt elle déterre un gant sale sur lequelSa soie s'était jouée en fantaisies pourpres,
Le baisant d'une lèvre plus froide que la pierre,
Voici qu'elle le met sur son sein où il dessèche
et glace jusqu'aux os ces fruits délicats
Faits pour calmer les pleurs d'un enfant.
Puis, à l'oeuvre à nouveau, elle n'interrompt sa tâche
Que pour rejeter le voile de sa chevelure.
...D'un fer plus émoussé que l'épée de Persée,
Elle trancha, non le crâne informe d'un monstre,
Mais une tête aimable, harmonieuse en la mort
Comme en la vie. Les anciens bardes l'ont dit,
L'Amour ne meurt jamais, mais vit, Seigneur immortel.
Si l'Amour incarné jamais ne connut la mort,
C'est lui que la pâle Isabella baisa, plaintive.
Un amour glacé - bien mort, mais non détrôné.
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